Article écrit par Émilie Aubertin, Intervenante psycho-sociale

Le consentement à 30…10…4….ou 1 an?

On a vu dans les dernières années de plus en plus de victimes dénoncer ouvertement les agressions qu’elles ont subies. Que ce soit par exemple par le mouvement #MoiAussi ou encore par l’affaire Rozon, on constate une volonté de la société de faire progresser les choses en matière d’agression sexuelle.

Comme défini sur le site éducaloi, une agression sexuelle est lorsqu’un des partenaires ne donne pas son consentement (son accord) à des attouchements sexuels. On constate que la notion de consentement se retrouve au centre de cette problématique. C’est donc dans l’objectif de protéger nos petits cocos que de plus en plus de parents désirent partager cette notion à leur enfant, et ce depuis le plus jeune âge. Il importe alors dans un premier temps de bien comprendre ce qu’est le consentement. En voici donc la définition:

En matière d’agression sexuelle,‘le consentement est l’accord à une activité sexuelle, manifesté de façon volontaire. Le consentement n’est valable que s’il est donné librement. Si la personne est paralysée par la peur ou craint de réagir, il n’y a pas de consentement.’ Guide d’information à l’intention des victimes d’agression sexuelle, Table de concertation sur les agressions à caractère sexuel de Montréal, page 45-46

Si on applique cette définition à un contexte autre que sexuel, on pourrait dire que le consentement est le fait d’accepter, sans aucune pression, de participer à une activité. J’ai régulièrement entendu des victimes dire qu’elles n’avaient pas dit non, alors elles avaient consenti. Il n’y a rien de plus faux.

Donner son consentement ce n’est pas de ne pas avoir dit non, c’est d’avoir pu dire oui librement!

Mais comment faire pour inculquer cette notion à nos enfants, et ce depuis le plus jeune âge?

Dans un esprit de prévention, il est effectivement fort pertinent que nos tout petits comprennent ce qu’est le consentement. Voici donc quelques pistes de solutions qui pourront certainement aider les parents et tous ceux qui partagent le quotidien de nos tout petits à leur faire comprendre et à appliquer cette notion.  

1. Leur apprendre que leur corps leur appartient

Dans un premier temps, vous pouvez leur dire directement que personne ne peut toucher leur corps sans leur accord. Par la suite, utilisez les petits moments de la vie quotidienne pour leur rappeler ce principe. En voici des exemples: 

  • Pendant que vous vous chatouillez, demandez à votre grand de 3 ans si on a le droit de le chatouiller sans son accord. Respectez aussi lorsque votre enfant en a assez et qu’il demande d’arrêter. C’est de cette façon que vous lui enseignerez que chacun peut choisir quand il veut être touché.
  • Votre cocotte de 18 mois lève votre chandail pour voir votre bedaine en plein centre d’achat. N’hésitez pas à lui dire non, que vous n’en avez pas envie et que ce n’est pas le bon moment. Elle commencera ainsi à comprendre la notion d’intimité.
  • Prenez le temps de nommer ce que vous faites lors du bain de bébé (ex; papa va laver tes fesses). En verbalisant à votre poupon vos actions, il développera un sentiment de confiance et de sécurité. En étant à l’écoute de ses réactions, par exemple s’il se met à pleurer, vous favorisez encore une fois son sentiment de confiance et votre poupon sentira qu’il est un être à part entière.

2. Favoriser une affirmation saine

Oser dire non quand on ne veut pas quelque chose est un comportement très protecteur à long terme pour nos petits cocos. Est-ce que cela veut dire que nous devons toujours accepter les revendications de nos enfants? Bien sûr que non! Il y a des situations qui demandent de mettre des limites et d’obliger nos enfants à certaines choses (ex; même si votre terrible two dit non pour prendre un bain, vous devrez bien l’obliger un jour ou l’autre!) L’important dans ce genre de situation est qu’ils comprennent qu’ils ont le droit de dire non sans se sentir mal. Il serait alors important d’éviter le genre de phrase suivante:

  • Tu me fais de la peine quand tu me dis non!
  • Tu dois écouter les adultes alors ne rouspètes pas!

Privilégiez plutôt ce genre de phrase:

  • Tu as le droit de dire non, mais voici pourquoi nous le ferons quand même…

L’apprentissage de l’affirmation saine commence dès la naissance. Bien entendu, on ne parle pas ici d’attendre un non de la part de nos poupons, mais plutôt d’écouter le non verbal de ceux-ci.

  • Prenons par exemple papa qui va chercher bébé qui vient de se réveiller dans sa bassinette. En s’approchant pour le prendre, bébé se met à pleurer. Papa pourrait alors arrêter son mouvement et évaluer si bébé était réellement prêt à sortir de la bassinette. En respectant les revendications de bébé, celui-ci sentira qu’il est compris et cela sera aidant pour apaiser plusieurs situations.

3. Respecter les limites des autres

Il est très important que nos petits comprennent que leurs limites peuvent être respectées, mais il importe aussi qu’ils comprennent qu’ils doivent respecter les limites des autres. En leur enseignant à écouter et considérer les autres, on leur apprend le respect, mais on leur donne aussi la permission de se faire respecter eux-mêmes.

  • Votre grand de 4 ans est un vrai pot de colle avec sa cousine de 3 ans. Elle se lève et change de place quand il approche, elle chigne pour qu’il lui laisse de l’espace. Ce serait ici une bonne idée d’exiger à votre grand de laisser sa cousine tranquille. Expliquez-lui que sa cousine a le droit de ne pas avoir envie de jouer avec lui à ce moment et dirigez-le vers une autre activité.

Dans la situation inverse, votre 4 ans pourra se dire que les revendications de sa cousine ont fonctionné, il est donc utile pour lui de faire savoir ses limites aussi. Tout le monde se retrouve gagnant!

Le principe est le même avec les poupons.

  • Par exemple, en montrant à bébé qu’il ne peut pas tirer sur votre chandail, il comprendra grâce à la comparaison qu’il n’a pas à accepter de se faire tirer le chandail aussi. Voici un autre exemple de prémisse de consentement.

4. Ne pas les obliger

La dernière piste de solution s’applique particulièrement bien aux poupons. Il s’agit de ne pas les obliger à recevoir et/ou donner tous actes d’affection.

  • Matante veut prendre bébé de vos bras pour avoir un câlin et bébé s’accroche à votre cou. Respecter ce refus et nommer a haute voix qu’il a droit de ne pas vouloir.

 

  • C’est la photo annuelle du temps des fêtes à la garderie. Une cocotte de 18 mois ne veut pas aller sur les genoux du Père Noël. Malgré le grand vouloir d’avoir une belle photo, respecter son refus. Tentez de trouver une solution alternative; assoyez-vous avec la cocotte à côté du Père Noël, prenez la photo avec la cocotte dans vos bras… et ultimement, acceptez qu’il n’y ait pas de photo. N’oubliez pas: il est préférable de donner de bonnes bases à nos tout petits que d’avoir une photo ?

Bien que ces conseils ne soient pas des baguettes magiques, l’objectif est de mettre toutes les chances de notre côté pour que la notion de consentement devienne intrinsèque chez nos tous petits.

C’est en intervenant dès le plus jeune âge que nous aidons nos futurs adultes à vivre librement et en sécurité! Continuons à faire changer les choses un pas à la fois!